L’Azuré du serpolet est un papillon de jour de la famille des Lycaenidés, de taille importante en comparaison avec les autres azurés . L’espèce, connue aujourd’hui sous le nom de Phengaris arion, est toujours communément associée au genre « Maculinea », en raison de l’écologie particulière de ce groupe. Celui-ci fait par ailleurs l’objet d’un Plan National d’Actions, décliné en région Poitou-Charentes. On parle du Plan Régional d’Actions en faveur des Maculinea.
L’Azuré du serpolet, comme ses cousins du genre « Maculinea », possède une écologie tout à fait singulière. En effet, l’espèce est exigeante quant à sa plante-hôte. Pour Maculinea arion, les œufs sont pondus essentiellement sur les serpolets (Thymus sp.), plantes méditerranéennes. Dans notre région, le serpolet est substitué par l’origan (Origanum vulgare). Après éclosion, la chenille dévore la plante-hôte de l’intérieur, demeurant cachée plusieurs semaines dans les fleurs, avant de descendre au sol pour espérer être prise en charge par une fourmi. Pour éviter un contact « fatal » avec cette dernière, la chenille émet une sécrétion très attractive : le miellat. Après une phase d’adoption plus ou moins longue, la fourmi la prend en charge et l’emporte dans la fourmilière.
La seconde exigence est ainsi relative à la fourmi-hôte, qui appartient à un genre spécifique : le genre Myrmica. Si le premier contact est effectué avec une fourmi d’un autre genre, la chenille est considérée comme une proie et est prédatée. A noter que l’adoption ne semble réellement effective qu’avec Myrmica sabuleti.
L’espèce est présente dans quasiment l’ensemble des départements français, toutefois l’isolement des populations (destruction et fragmentation des habitats), la mauvaise gestion et la dégradation de ses habitats la rend vulnérable. Strictement protégée, elle est considérée comme « en danger » à l’échelle européenne et française. En Poitou-Charente, même si on la retrouve dans les quatre départements, l’espèce est en déclin, au regard de la dynamique d’évolution des pelouses sèches calcaires en région.
D’après la déclinaison régionale du Plan National d’Actions, la répartition de l’Azuré du serpolet en Poitou-Charentes est la suivante : l’espèce est présente dans la quasi-totalité de la région tout en étant absente des secteurs sur substrat primaire (massif armoricain en Deux-Sèvres, contreforts du Massif central en Charente et Vienne), alluvionnaires (Marais poitevin, plaines alluviales) et littoraux. La découverte en 2014 d’une population sur l’île de Ré contredit la supposée absence littorale de l’espèce.
Dans nos régions, l’Azuré du serpolet fréquente principalement les pelouses calcicoles pré-forestières ou les pelouses ourlets (transition entre la pelouse et le manteau pré-forestier) avec Origanum vulgare.
On la retrouve fréquemment, en contexte calcaire, au sein des bandes enherbées, bords de routes, lisières boisées, et friches agricoles.
L’Azuré du serpolet est un peu notre espèce « signature ». Elle symbolise 6 années de partenariat avec la Communauté de Communes de l’Ile de Ré : découverte du papillon en 2014 par Pierre VINET ; animations régulières aux journées nationales du patrimoine ; premier suivi par Capture-Marquage-Recapture en 2015… Jusqu’à la formation en 2020 des écogardes pour le renouvellement de ce suivi 🙂