L’Outarde canepetière (Tetrax tetrax) est l’un des oiseaux de plaine les plus emblématiques de l’ex-région Poitou-Charentes. Aujourd’hui essentiellement cantonnée dans et en périphérie des Zones de Protection Spéciales (sites Natura 2000), elle a accusé une régression majeure ces trente dernières années, subissant de plein fouet l’intensification agricole et la réduction associée de ses habitats de reproduction.
En France, il existe deux populations distinctes d’Outarde canepetière. La première est sédentaire et se trouve sur le pourtour méditerranéen, la seconde est la dernière population migratrice de l’espèce au niveau européen et elle se trouve presque exclusivement en région ex-Poitou-Charentes (quelques rares couples en région Centre-Val-de-Loire et en Pays-de-la-Loire). L’ex Poitou-Charentes présente moins de 300 couples et a aujourd’hui une responsabilité forte dans la conservation de cette population migratrice.
Espèce de milieux « steppiques », l’Outarde canepetière fréquente les plaines à végétation herbacée, de préférence sur des terrains secs situés dans des régions à climat chaud et ensoleillé. Dans notre région, en période de reproduction, l’espèce occupe les grandes plaines cultivées ouvertes (openfield céréalier). Son habitat est représenté essentiellement par des luzernes, des fétuques ou des jachères. Les parcelles de petite taille avec de nombreuses lisières semblent les plus attractives, étant associées généralement à une mosaïque culturale favorable à l’espèce (polyculture).
Les mâles cherchent pour les parades des sites dégagés à forte visibilité, alors que les femelles, très discrètes, préfèrent des milieux à fort recouvrement pour nicher. Le système d’appariement de cette espèce est le « lek » éclaté. Les mâles se regroupent et défendent des territoires de
quelques dizaines d’hectares. Chaque mâle occupe plusieurs postes de chant sur son territoire. Il lance à intervalle régulier son cri dans différentes directions. Au cœur de la période nuptiale, on peut également observer des sauts accompagnés de battements d’ailes sonores.
Si les femelles visitent ces leks pour s’accoupler, le site de nidification est très rarement localisé avec précision. Il peut être distant de plusieurs kilomètres des places de chant. On ne connait ainsi véritablement la répartition locale de l’espèce qu’à travers la présence des mâles.
Le nid de l’Outarde canepetière est une simple dépression creusée dans la terre, garnie de quelques herbes sèches. Il se situe principalement dans les milieux herbacés riches en graminées. Le critère de choix est la ressource alimentaire : les poussins se nourrissent d’abord exclusivement de Coléoptères et d’Orthoptères, puis de façon progressive, adoptent un régime alimentaire mixte semblable à celui des parents. L’Outarde adulte consomme essentiellement des insectes et des végétaux. Les plantes les plus
recherchées sont les fabacées sauvages ou cultivées (luzerne), les brassicacées sauvages ou cultivées (colza) et les apiacées. On mesure ainsi tout l’intérêt de la mosaïque culturale, associée à la présence de friches, jachères et prairies, pour le maintien des leks.
Le chant des outardes mâles est un « prèt » sec, lancé à intervalle régulier. Ce son caractéristique, qui peut être discret ou à l’inverse porter loin dans la plaine (suivant le sens du vent), lui vaut le surnom de « pêteuse ». Dans le patois local, c’est la « cane – petière ». On ne vous fera pas la traduction 😉